FANTÔMETTE ET FANTÔMAS (Frédérique Martin)

J’ai fouillé les archives du KGB, alerté la Nasa, retourné les tapis persans - et même les turcs -, consulté mon Encyclopédie des fantômes et des fantasmes… en vain. Aucune expertise sur le sujet, puisqu’on vous dit que les esprits de blog n’existent pas !
Pourtant ils sont bel et bien là. Ils rôdent à toute heure - de préférence celles des repas - surgissent sans prévenir, laissent des traces partout. Parfois ils se figent sur place, hurlent, trépignent, agitent leurs chaînes. Devant mon intransigeance, ils font mine de sortir, puis reviennent illico. Tantôt solitaires, tantôt en groupe, ils se haranguent, s’interpellent, pique-niquent, fument en cachette, puis s’enfuient en jetant derrière eux des mégots fumants et des poubelles éventrées.

L’épidémie a culminé quand une cantatrice s’est mise à vagir dans le couloir. Toujours la même chanson. Au début, c’était beau, émouvant, on y prenait goût. Mais à la sept cent vingt-huitième répétition de l’attaque : Ah les voyages, aux rivages lointains, aux rêves incertains… , il a fallu prendre ses jambes à son cou - question de vie ou de mort. Cela a duré, duré, duré. J’ai prié longtemps, vêtue d’un cilice Yves Saint-Laurent, confite en dévotions, et la diva s’est tue. Ce qui prouve l’existence de Dieu et la prédominance de la mode.
Au cœur de la nuit, entre deux ronflements, le silence finit par s’installer. Je vais alors de pièce en pièce, je range ici et là, je tapote un coussin, je ramasse les miettes. L’espace résonne dans la maison devenue trop grande pour moi. Une inquiétude serpente ; et s’ils ne revenaient pas ? Vite, faire un gâteau, parfumer la chambre, repeindre les murs, changer les tableaux. Et s’ils ne revenaient pas ? Secouer les rideaux, effacer la poussière, trouver une histoire drôle, ou triste, ou belle. Et attendre, assise au salon, attendre leur retour. Ah ! S’ils ne revenaient pas ? Il n’y aurait plus qu’à éteindre les lumières, bien tirer les rideaux et fermer la porte derrière moi.
Peintures de fantômes japonais tirées de rouleaux exposés au temple Zenshoan.
Mais qui sont donc ces avatars qui te hantent ? Même un chien ! Est-il propre ?
RépondreSupprimerCa me rappelle cette saloperie de virus qui a infecté un de mes sites durant un mois. Tous les 3 ou 4 jours, il venait injecter des centaines de liens de m... dans chaque page.
Après une longue longue enquête (dont tu te souviens Frédérique), j'ai découvert le bestiau au fond d'un sous sous sous dossier. Il venait soit de Russie, soit de Chine.....
Ah les voyages !!!!!
@ Ah mon Gibi, tu es le grand enquêteur en chef, je me souviens de cette traque informatique digne du far west ! Je crains moins de voyager quand tu m'attends sur le quai (tiens, ça rime!).
RépondreSupprimer@ Denis : Quel effet cela fait-il de se réveiller dans les mots d'une autre ? Un trés beau poème italien t'attends chez moi. Gageons qu'il te parlera.
Quel effet de se réveiller d'un autre? Hé bien disons, voyons... Comment définir la chose? Un peu comme lorsque l'on se réveille dans le lit d'une autre : une volupté certaine teintée d'un frisson de culpabilité tout aussi voluptueux. Et puis , soudain, tous ces (presque) inconnu(e)s qui entrent qui vous voient ainsi mis à nu.... Curieux paradoxe: par pudeur réflexe on aurait envie de tirer la couverture à soi ;-)
RépondreSupprimerLe poème est magnifique et je suis ravi que ce soit l'ami Joël qui ait été le premier à laisser un message
Ainsi tu connais Joél ? Nous vivons décidemment dans un monde minuscule. Ne prends pas froid Denis, à te promener si peu vêtu :0)
RépondreSupprimerGénial ! J'ai beaucoup ri. Tu excelles dans le texte humoristique, Frédaime, et Dieu sait que c'est une exercice périlleux. J'ai failli faire un texte sur les commentateurs, et je me suis ravisée. J'ai bien fait :o)
RépondreSupprimer@ Anna : J'y prends goût ! Tu as raison, faire rire est toujours périlleux, c'est le pendant de mes textes graves. Je connais ton humour Anna... m'étonnerais pas que tu l'exerce prochainement dans tes textes (il pointe le bout de son museau déjà).
RépondreSupprimerC'est marrant, j'ai rien compris à c' texte. FM, vous m'avez habitué à plus de clarté. Kesski s' passe ?... A part au sujet du "troll", le reste m'a échappé. J'espère que vous allez vous expliquer...
RépondreSupprimerA Toulouse voyager rime avec quai?
RépondreSupprimerVoilà, j'ai beaucoup ri moi aussi.
Ce texte m'a collé un grand sourire et beaucoup de joie ... Merci Frédérique! Et continuons!
RépondreSupprimerTrès rigolo! Un vrai chassé croisé! Du coup, je n'ai plus "le coeur chagrin"! On reconnait bien là une véritable culture et un retour aux sources......de jeunesse!
RépondreSupprimer@Denis Sigur: chose promise, chose faite!
@ Mon phantom aussi : une envie pressante ? Vous avez de troll de manière :0)
RépondreSupprimer@ Enfantissages : Quai za quo ?
@ Kouki : C'est fait pour et c'est une manière de remerciements pour vous toutes et tous.
@ Babeth 31: Un autographe peut-être ?
Excellent ! J'ai éclaté de rire à ce passage : "J’ai prié longtemps, vêtue d’un cilice Yves Saint-Laurent, confite en dévotions, et la diva s’est tue. Ce qui prouve l’existence de Dieu et la prédominance de la mode." Pierre Bergé et Benoît XVI, veuillez l'excuser, c'est pour la bonne cause !
RépondreSupprimerAh quel beau texte! Où êtes-vous donc allée chercher tout ça?!! (C'est vrai que je ne viens plus chez vous: trop de fous! J'y vais uniquement pour dire bonjour ou bonsoir à ma maman mais ça c'est normal non? humain?)
RépondreSupprimer@ Merci Arf, j'ai ri moi-même en l'écrivant (car je suis bon public).
RépondreSupprimer@ Depluloin : Votre maman serait trés trés trés fâchée de savoir que vous ne venez plus me voir. Trés ! Vous ne voudriez pas faire de peine à votre maman, n'est-ce pas ?
Ben quoi je suis censurée ? Qu'est-ce à dire? Frédaime tu ne m'aimes plus ? C'est parce que je suis trop lesque ?
RépondreSupprimer@Frédaime : j'en écrivais avant, sur un ancien blog, des textes drôles. Mais c'est un exercice que j'ai du mal à renouveler sur le très long terme à l'écrit. Alors qu'à l'oral... :o))
RépondreSupprimer@ Zoé : Ben non pas du tout ! Mais c'est une énumération non exhaustive... J'ai juste cité quelques particularismes locaux, sinon, c'est de vous tous qu'il s'agit :0) et de toi bien sûr !
RépondreSupprimerVous l'avez fait... :)
RépondreSupprimerSourire accroché!
J'aime beaucoup "chien pelé arroseur d’angles acérés"
(sourire encore)
@ Damoiselle d'enfer : Eh oui, j'essaie de faire ce que je dis. Et puis je suis toujours à l'affût d'une idée, pour garder mes fantômes :0)
RépondreSupprimerC'est très drôle, bien écrit. Cette idée d'écrire sur les commentateurs, j'avoue n'y avoir jamais pensé. Parce que s'il y a une chose que j'arrive à faire difficilement c'est bien cela: écrire un commentaire. Pourtant je me régale à lire les articles...
RépondreSupprimer@ Jonavin : Commenter, c'est un code d'écriture et un mode de relation. Lancez-vous et au fur et à mesure, vous trouverez votre ton. Merci de votre lecture, vous m'avez dit une fois, que vous passiez chez moi sans laisser de traces. Voilà qui n'est plus vrai :0)
RépondreSupprimerJ'ai laissé un commentaire ici !
RépondreSupprimerMais non Frédaime, je parlais d'un com précédent qui n'est pas passé. Je me demandais si l'allumée qui chante "voyage, voyage " ce n'était pas moi justement :-)
RépondreSupprimerBon je reviens demain...
RépondreSupprimerSucré je fus !
@ Zoé, celle qui chante c'est cette pauvre Barbara qui passait en boucle sur mon site à chaque fois qu'on cliquait sur "Carnet". J'ai failli en perdre la boule :0)
RépondreSupprimer@ Luc : Ah quand même, non mais qu'est ce que je suis obligée de faire pour que tu daignes venir jusqu'ici. Et ma réputation, tu en fais quoi ?
Il faudra que je relise encore une fois, deux fois, voire trois, au cas où j'aurais encore loupé quelque chose. Et que définitivement, que je garde l'adresse de ce texte dans la partie "silicone" de ma mémoire. Plusieurs niveaux de lecture, tous aussi satisfaisants, et étrangement, un écho drolatique à mes réflexions du moment. Un format absolument parfait pour la toile. Encore Bravo !
RépondreSupprimer